« En tant que magistrat et homme qui rend la justice, je me demande ce que je dirai à cet honnête candidat à un emploi public qui a été dépassé par un autre candidat dont les qualifications ont été illégalement évaluées par un agent public docile, afin de favorisant le concurrent dans la nomination, avec une arnaque simultanée pour le candidat honnête ». Ce sont les propos de Luigi Patronaggio, l’actuel procureur général de Cagliari, qui commente dans une note la réforme de la justice proposée par le ministre de la Justice Carlo Nordio qui, entre autres, prévoit l’abolition de l’abus de pouvoir. « Un coup de plume et ‘tout libre’, des peines annulées et des attentes trahies », ajoute le magistrat. « Être garants – souligne Patronaggio – signifie garantir un procès équitable aux suspects, mais signifie également garantir les droits de tous les citoyens qui ont subi une infraction et un préjudice résultant d’un comportement illégal ».

Partant du principe qu' »il n’est que trop clair et indiscutable que les lois doivent être observées et appliquées », Patronaggio se demande également ce qu’il dira « à ce citoyen qui s’est vu refuser une licence parce que le maire de sa ville voulait donner la priorité à son confrère en lui attribuant ce qui lui revenait » ou « comment restera cet entrepreneur qui verra le directeur d’une entreprise publique voter une résolution en faveur d’une entreprise qu’il contrôle sans s’abstenir comme le prévoit la loi pour les hypothèses d’incompatibilité ». Autant de questions qui sortent des distorsions prévues dans la nouvelle réforme de la justice. Comme cela pourrait être le cas d’une entreprise « qui a raté une commande lucrative parce que le directeur d’une ASL a préféré illégitimement favoriser une autre entreprise liée à un homme politique puissant que ce même directeur avait nommé à la tête de l’ASL », poursuit le magistrat également procureur de 1992 à 1997 à la direction antimafia du district de Palerme. « Et que dire – ajoute-t-il – au professeur, mère de cet enfant handicapé qui espérait être transféré dans sa ville en vertu d’une loi que précisément ces sujets défavorisés veulent protéger, lorsque le surintendant avec une lecture illégitime de cet humain cas préféré attribuer des scores plus élevés à une amie, avec qui elle entretenait une relation clandestine, qui a voulu favoriser par des attestations conformes, relative à une grand-mère octogénaire qu’elle n’avait jamais vue ». « Bien sûr – conclut le magistrat ancien chef du parquet d’Agrigente – aujourd’hui, je suis très soulagé de savoir que le maire de mon pays lancera rapidement des appels d’offres et des marchés publics sans avoir peur de signer, mais je serai très triste pour ceux des citoyens qui demandent justice et qui ne seront plus jamais protégés“.

L’article Justice, le procureur Patronaggio: « La garantie n’est pas seulement une procédure régulière pour les suspects mais aussi la protection des droits des personnes offensées » vient de Il Fatto Quotidiano.